jeudi 23 décembre 2010

Facteurs d'attraction et de maintien des centres de R&D et d'innovation des multinationales étrangères en Espagne

Le titre de cet article est ni plus ni moins que la traduction du titre d'un rapport qui vient de sortir, commandé au département d'économie et organisation des entreprises de l'université de Barcelone, par la FECYT, la fondation espagnole pour la science et la technologie du ministère de la science et de l'innovation et par la fondation I+E qui regroupe sept multinationales engagées dans le développement des investissements en R&D et innovation en Espagne.

Ce rapport en espagnol, disponible gratuitement sur Internet [1], nous a semblé intéressant à faire connaître. Nous en faisons un résumé à grands traits.

Plus de 95% des 700 entreprises qui investissent le plus en R&D de par le monde sont des multinationales qui dépensent plus de la moitié du montant mondial total investi. Celles-ci réalisent de plus en plus ces investissements dans des pays autres que celui de leur siège social, ce qui leur confère un poids de plus en plus important dans les réalités nationales de la R&D. Compte tenu de la très forte valeur ajoutée générée par ce genre d'activité et des externalités générées, il est donc important pour un pays de pouvoir être attractif vis à vis de tels investissements.

Ce rapport a donc pour but de faire le point sur l'attractivité espagnole en la matière. Le travail réalisé est avant tout de type qualitatif, à partir d'une étude de cas, sept en l'occurrence, correspondant aux sept multinationales qui ont créé la fondation I+E : Alstom, ArcelorMittal, Ericsson, Hero, Hewlett-Packard, Sony et Thyssen Krupp Elevator, qui totalisent à elles sept, 40.000 employés, 11 milliards d'euros de chiffre d'affaire et 200 millions d'euros investis chaque année en R&D. Nous avions déjà eu l'occasion de parler de cette fondation lorsque celle-ci avait fait paraître un rapport sur le rôle des multinationales dans le financement de la R&D [2].

Le rapport reprend quelques chiffres de la dernière enquête réalisée en 2009 par l'INE, l'équivalent espagnol de l'INSEE, sur l'innovation technologique : en 2007, les dépenses en innovation étaient réalisées en Espagne à 39% par des filiales de multinationales qui employaient 24% du personnel de R&D. Quant aux dépenses moyennes par entreprise, les filiales dépensaient 4 fois plus que les entreprises espagnoles et elles employaient deux fois plus de personnel de R&D.

Pour ce qui est du travail réalisé par les quatre auteures du rapport, Paloma Miravitlles Matamoros, Laura Guitart Tarrés, Fariza Achcaoucaou Iallouchen et Ana Núñez Carballosa, il peut être résumé par un extrait d'un des tableaux proposés. Ce tableau présente les caractéristiques des facteurs d'attraction et de maintien des centres de R&D et d'innovation telles que les voient les sept multinationales impliquées dans l'étude : 26 facteurs identifiés, classés en trois catégories (importance forte, modérée ou faible) et pour chacun d'eux, l'adaptation de l'Espagne (+ : forte ; 0 : ni forte ni faible ; - : faible).

Dans leurs conclusions, les chercheuses remarquent la capacité d'attraction de l'Espagne concernant les facteurs liés au marché mais un moindre pouvoir d'attractivité sur les facteurs qui ont à voir avec l'offre technologique.

Pour elles, dans la compétition pour attirer la R&D et l'innovation internationales, ces résultats situent l'Espagne dans une position intermédiaire qui fait courir au pays le risque d'être dépassé par les économies émergeantes qui passent d'une stratégie de développement basée sur l'attractivité de leurs coûts, à une stratégie intégrant la qualité de l'offre technologique. Le défi d'un pays comme l'Espagne est donc de renforcer ses atouts : améliorer la capacité d'attirer et garder les talents scientifiques et techniques formés en Espagne, développer la présence de centres de recherche performants et renforcer les liens entre le monde scientifique et académique et le monde de l'entreprise. Une deuxième ligne d'action est également suggérée : maintenir compétitif le coût du personnel de recherche, poursuivre le développement de la maîtrise des langues étrangères et le développement de la mobilité des chercheurs, consolider les clusters. Enfin, les incitations fiscales et financières doivent être maintenues et adaptées aux besoins des multinationales.



[1] "Factores de atracción y retención de los centros de I+D e innovación de las multinacionales extranjeras en España". Rapport financé par la FECYT et réalisé en collaboration avec la fondation I+E, octobre 2010.
A partir du site suivant, possibilité de télécharger une version résumée de 34 pages ou la version intégrale de 138 pages : http://icono.fecyt.es/contenido.asp?dir=05)Publi/AA)factores
- [2] "Financement de la R&D : le rôle important des multinationales étrangères", article paru dans le Bulletin Electronique Esapgne de février 2010 : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/62361.htm
Rédacteur : Guy Molénat, attaché scientifique, service.scientifique@sst-bcn.com
Origine : BE Espagne numéro 100 (16/12/2010) - Ambassade de France en Espagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/65358.htm

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