jeudi 15 juillet 2010

MIT : les bonnes affaires du programme de liaison industrielle (ILP)

Les universités françaises et européennes en rêvent, le MIT l'a fait ! Il s'agit bien entendu du programme de liaison industrielle (ILP) qui constitue l'un des points d'entrée au MIT, institution qui se présente d'abord comme la 11ème puissance économique mondiale et ensuite comme l'institut qui associe le plus grand nombre de prix Nobel (71). Le MIT se targue également d'avoir dans l'état du Massachusetts un impact économique supérieur à 164 milliards de dollars.

ILP fonctionne depuis plusieurs années selon un modèle d'affaires bien rodé. ILP est animé par une équipe de 25 cadres qui génère un chiffre d'affaires d'environ 4,5 millions de dollars[1] par an. Le programme possède un portefeuille de quelque 150 clients provenant de 31 pays dans le monde. Il s'agit généralement de sociétés importantes qui pèsent très lourdement dans l'économie mondiale. Les entreprises américaines sont naturellement les plus nombreuses (45), puis viennent les japonaises (25) et les taïwanaises (21). Des pays comme Singapour, l'Iceland, le Portugal, la Thaïlande ou la Hongrie y sont représentés. Pour sa part, la France compte 14 entreprises[2] appartenant à quelques grands secteurs industriels (transport, électronique, défense, environnement, etc.) ainsi qu'un pôle de compétitivité (System@tic).

A raison d'un ticket d'entrée de 60.000 dollars et d'un document contractuel signé pour deux ans, ILP se charge de vous ouvrir les portes du prestigieux Institut. Il s'agit avant tout de vous orienter dans les méandres d'une organisation décentralisée, très peu hiérarchisée et passablement complexe en raison de la quasi-absence de services communs aux 5 facultés, 33 départements et 57 unités de recherche qui regroupent un total de 10.500 employés (dont 1.025 enseignants) et un peu plus de 10.000 étudiants.

Naturellement, l'attention des industriels se porte sur les deux principales facultés qui concentrent près des deux tiers des ressources académiques et des effectifs de recherche : les sciences et l'ingénierie. C'est là le point fort du ILP : il vous permet d'y voir plus clair pour repérer "la bonne expertise" et ainsi aller plus loin dans la relation "partenariale" avec le MIT. Pour se faire, chaque client industriel est "accompagné" par un chargé de mission qui possède un portefeuille d'une dizaine de sociétés, généralement regroupées par pays ou branche économique. Le chargé de mission joue le rôle d'un médiateur : il traduit opérationnellement pour les personnels de recherche du MIT les demandes d'expertise ou de veille technologique des clients. Les chercheurs du MIT, s'ils y voient un intérêt pour leur faculté ou laboratoire de recherche, montent alors une ou plusieurs réunions en liaison avec le chargé de mission et l'industriel concerné. Selon les cas et les situations, les rencontres tournent autour du suivi des évolutions scientifiques et technologiques d'un champ disciplinaire ainsi que des innovations technologiques et de marché.

Le fonctionnement de l'ILP est ainsi conçu que ces réunions constituent un point de départ dans l'accès aux ressources du MIT. L'intérêt du MIT est en effet que l'entreprise s'engage ensuite dans une collaboration plus approfondie avec l'Institut. Cela peut prendre la forme de visites de chercheurs dans l'entreprise pour y donner des séminaires ou l'organisation de conférences conjointes spécialisées. Récemment, le programme ILP a aussi mis au point des cycles de conférences à l'étranger pour certes rassembler "ses clients" mais aussi pour attirer vers le MIT davantage d'industriels, de capitaux et de chercheurs.

Dans la pratique l'ILP n'est qu'une porte sur le MIT destinée à alimenter l'attractivité et les ressources de l'Institut. L'idée première du programme est en effet celle du ticket d'entrée pour amener les entreprises à effectuer leur marché technologique : 90% d'entre elles vont en effet rapidement au-delà de l'ILP pour s'engager dans des activités collaboratives marchandes avec le MIT. Les possibilités offertes aux clients sont innombrables : elles vont du contrat de recherche à la donation en passant par l'acquisition de licences ou l'adhésion à des programmes "exclusifs" comme la "Energy Initiative". Ce programme rassemble au sein d'un petit club fermé les plus grands comptes de l'énergie mondiale qui veulent conduire des travaux de recherche au MIT (compter plusieurs centaines de milliers de dollars...).

Si l'ILP contribue à ouvrir le MIT sur le monde industriel, il fait aussi en sorte de rendre difficile son accès pour les établissements universitaires étrangers et les organismes de recherche, notamment européens, le MIT orientant assez commodément les impétrants vers l'ILP. Notamment parce que le MIT ne possède pas de service de relations internationales alors qu'il est sollicité et courtisé par le monde entier. Mais qu'on se rassure, d'autres voies s'offrent aux organisations plus modestes qui ne peuvent compter que sur leur seule force scientifique et qui veulent se rapprocher de la 11ème puissance économique mondiale. Surtout que toutes les informations, contacts et champs d'expertise sont entièrement disponibles sur la toile ! Le rédacteur de cette note voit de son côté trois autres accès au MIT, tous plus économiques et sans doute aussi efficaces que le dispendieux ILP :

Le programme MIT-France : chaque année une dizaine de projets conjoints de recherche sont retenus suite à un appel à projets scientifiques entre la France et le MIT

L'accueil d'un stagiaire du MIT : chaque année, ils sont plus de 80 étudiants du MIT à se diriger vers les laboratoires et les entreprises françaises. Le chiffre est en augmentation constante, la France étant l'un des pays les plus prisés par les étudiants qui ont le choix d'une dizaine de destinations. Et quoi de mieux qu'un stagiaire du MIT pour vous y introduire ?

Prendre langue directement avec le personnel de recherche du MIT qui correspond à vos intérêts. Comme tous les chercheurs, ceux du MIT s'intéressent à la collaboration internationale, surtout qu'ils sont, autonomie oblige, tout à fait en mesure de prendre des décisions. La méthode ? Il suffit de consulter la littérature internationale !


Site Internet du MIT Industrial Liaison Program : http://ilp-http://www.mit.edu/

Origine : BE Etats-Unis numéro 213 (25/06/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63797.htm 

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