vendredi 1 octobre 2010

Premiers enseignements de NETVA 2010, programme accélérateur de jeunes pousses technologiques françaises aux Etats-Unis

Il y a 10 jours sont arrivés à Boston les cinq lauréats de NETVA, un nouveau programme se proposant d'accélérer le développement technologique de très jeunes entreprises innovantes françaises. Quels enseignements tirer de cette première édition ?

Revenons brièvement sur l'esprit du programme qui a récemment reçu le premier prix "recherche et innovation" de la presse économique française ("les initiatives de l'économie"). Imaginé et mis en place en 2010 par la Mission pour la Science et la Technologie de l'Ambassade de France aux Etats-Unis, NETVA, (New-England Technology Venture Accelerator) offre à 5 jeunes pousses de l'hexagone, sélectionnées parmi 33 autres, la possibilité d'évaluer leur potentiel sur le marché américain et d'identifier des partenaires technologiques. Le programme contient également une part de formation qui vise à aider les entrepreneurs à adapter leur technologie et leur plan d'affaires aux Etats-Unis.

NETVA se place donc en amont des activités de développement commercial traditionnelles et cible les besoins des jeunes pousses innovantes françaises, qui doivent aborder le marché américain mais qui ne dispose pas à leur stade de développement des ressources et des contacts pour l'approcher. Le but in fine est de faire en sorte que ces entreprises s'intéressent plus tôt au marché américain, et investissent davantage de temps et d'argent dans l'adaptation de leur produit et de leur plan d'affaire "américain" avant de se lancer dans des activités de prospection et de marketing.

Dans la pratique, le programme NETVA présente trois volets d'activité complémentaires :
- une formation et un accompagnement personnalisé qui débute en France avec un séminaire de préparation de deux jours avant de prendre la forme, deux mois plus tard, d'un cycle spécial d'une semaine dispensé par le centre d'entrepreneuriat technologique de l'Université de Boston (ITEC).
- des mises en relation avec des partenaires technologiques (universités et industriels), financiers (capitaux-risqueurs, etc.), des consultants, etc.
- un double tutorat : chaque porteur de projet bénéficie des conseils et contacts de plusieurs tuteurs (Conseillers du Commerce Extérieur, entrepreneurs, chercheurs ou consultants) ainsi que du soutien sur plusieurs mois d'un groupe d'étudiants en entrepreneuriat de ITEC pour l'aide à la mise au point d'une stratégie technologique et commerciale aux Etats-Unis.

Après une semaine, les projets et les lauréats de l'édition 2010 de NETVA sont métamorphosés ! Les enseignements portent sur les niches de marchés à viser, les partenariats technologiques à tisser et sur le plan d'affaires à adopter. Les 5 entreprises ont désormais une idée plus précise du potentiel de leur technologie sur le marché américain et du travail nécessaire pour l'approcher dans de bonnes conditions. Autre point positif : les entrepreneurs ont pu être exposés à la culture d'affaires et entrepreneuriale américaine (importance du réseautage, acceptation de l'échec, etc.).

Alors que les lauréats sont désormais de retour en France, les contacts avec les partenaires américains se poursuivent par l'intermédiaire des étudiants de ITEC et des mentors, pour la plupart CCEF. Ce n'est donc que le début de l'aventure pour ces jeunes pousses. Un début qui leur a fait gagner un temps considérable.

Mais essayons d'y voir un peu clair. Quels sont les ingrédients essentiels de ce programme d'accélération ?

Vu de Boston, il y en a cinq :
- Le besoin des entreprises françaises d'approcher d'autres marchés, notamment celui des Etats-Unis qui est incontournable dans certains domaines (sciences de la vie, informatique, etc.).
- l'existence d'un réservoir de ressources, d'expertise et de connaissances dans la région choisie. Les Etats-Unis, et en particulier certains pôles comme celui de Boston, disposent non seulement d'un véritable savoir-faire en matière d'entrepreneuriat mais aussi d'écosystèmes denses et interconnectés essentiels à l'accompagnement des porteurs de projets : entrepreneurs à succès, chercheurs, investisseurs, consultants, universités, organisations gouvernementales, etc. Naturellement, les français ayant réussi aux Etats-Unis ont très à coeur de partager leur expérience ; ils représentent un réservoir d'expertise inestimable.
- Un partenaire principal, visible et fédérateur en France. Le partenaire le mieux placé était Rétis, qui est l'émanation de l'ensemble des technopôles, incubateurs et pépinières d'entreprises. Ce partenaire a joué un rôle décisif pour la visibilité du programme et la génération de dossiers de qualité.
- Un partenaire réputé et capable d'encadrer les entrepreneurs aux Etats-Unis. Il convient de s'associer à une université et idéalement à un centre d'entrepreneuriat reconnu et en prise avec l'écosystème local. Un lien pourra ainsi être établi entre les porteurs de projets français et des étudiants en entrepreneuriat américains. Ces derniers pourront travailler sur l'étude de marché, la conception d'un plan d'affaires, etc. Ce partenariat avec un établissement américain est donc primordial lorsque l'on cible de très jeunes entreprises françaises. Il apporte de la crédibilité du programme et permet ainsi d'attirer mentors, mécènes et autres partenaires.
- Un administrateur, connecté dans les deux pays, qui assure la gouvernance du programme et favorise sa crédibilité. Cette organisation doit avoir les ressources monétaires mais surtout humaines pour gérer l'ensemble du programme et dépasser les différences interculturelles entre les partenaires. La MS&T a clairement joué ce rôle catalyseur.

Au-delà de ces cinq ingrédients essentiels, le bon fonctionnement du programme exige aussi la prise en compte d'autres aspects pratiques :
- l'organisation d'une sélection en deux phases, avec un comité dans chaque pays ;
- rester assez flexible quant aux critères de sélection pour faire émerger les entreprises les plus aptes à tirer partie du programme
- créer une identité forte et propre au programme
- Générer un "buzz" dans les deux pays et insister sur la qualité de la sélection des entreprises. Cela permet d'attirer les meilleurs mentors, mécènes et partenaires

Au final, du fait de l'ouverture internationale des marchés et de l'accélération des cycles d'innovation des produits technologiques, les entreprises doivent s'exporter de plus en plus précocement pour être compétitives. Elles ont certes besoin de soutien financier mais surtout de liens internationaux pour minimiser les risques associés à leur développement.


Origine: BE Etats-Unis numéro 221 (1/10/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64639.htm

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